lundi 12 juillet 2010

Tournée

"Elles sont belles, mes danseuses, elles sont belles !"

Réalisé par : Mathieu Amalric
Ecrit par : Mathieu Amalric, Philippe Di Folco, Marcelo Novais Teles, Raphaëlle Valbrune
Avec : Mathieu Amalric, Miranda Colclasure, Suzanne Ramsey
Durée : 111 min

Joachim Zand, producteur déchu et manager d'une petite troupe de danseuses New Burlesque américaines, fait une tournée à travers la France et espère, quelque part, corriger ses erreurs passées.






Le voilà enfin, le film qui a fait sensation au festival de Cannes et qui a remporté le prix de la mise en scène (Cocorico.). On le sait, Amalric se voyait davantage comme un metteur en scène reconnu que comme un acteur lorsqu'il s'est lancé dans le métier. Il se trouve qu'on le connaît aujourd'hui pour son jeu, mais il n'en est pas pour autant à ses débuts en tant que réalisateur. Tournée est son quatrième long-métrage, le premier dans lequel il se met lui-même en scène. Une question s'impose quant à la nature du projet : documentaire, ou fiction ?

Les deux, mon capitaine. D'abord, parce que la mise en scène emprunte beaucoup au docu-fiction, avec ses caméras à l'épaule, ses plans fixes et ses scènes en coulisse pendant le spectacle. Ensuite parce que le film a été réalisé dans les conditions d'une vraie tournée, c'est-à-dire que les filles se produisaient gratuitement devant un public qui n'était pas payé pour figuration, et l'équipe dormait dans les hôtels des villes où elle s'arrêtait, entre le Havre et Rochefort. Quid de la partie fiction donc ? Joachim Zand, bien sûr, seul personnage inventé, avec quelques seconds rôles.

Le show New Burlesque en lui-même n'est qu'une toile de fond, un fil rouge en filigrane de l'histoire de cet ex-producteur télé qui transforme tout ce qu'il touche en compote - ses projets, ses amours, ses enfants. Ce n'est pas le premier anti-héros qu'on voit à l'écran, mais à ce point-là, c'est très rare. C'est simple : rien chez lui n'attire la sympathie du spectateur, et pourtant, de façon inexplicable, on est touché par ce rebut humain qui patauge éternellement dans sa loose.

Tournée, on nous l'a suffisamment rabâché, parle aussi des canons de beauté actuels, et en fait des confettis. Bien en chair et plus très fraîches pour la plupart, les danseuses n'en exhibent pas moins fièrement leurs corps, dans une débauche de froufrous et de vulgarité assumée. On l'a compris : Tournée est une ode à la femme décomplexée et au caractère bien trempé. Noble intention, mais qui n'a jamais suffi à faire un film.

A force de concentrer son écriture sur le fond, sur la subtilité et les symboles (notez que si plus de scénaristes le faisaient, le cinéma s'en porterait mieux), on en oublie le plus évident, à savoir, le rythme. Car là, on s'ennuie. Sec. L'histoire, pourtant écrite à quatre mains, est informe et indigente, et on n'en voit pas la fin, littéralement. Toutes les parties en coulisse et sur le show en lui-même sont certes indispensables, mais guère intéressantes (remarquez, ce dernier point ne dépend que de vous : si vous êtes fan de spectacles de ce genre, c'est peut-être ce que vous préfèrerez dans le film). On reste dans la salle pour savoir ce qu'il va advenir de Joachim, dont l'histoire est plutôt bien traitée et offre quelques moments mémorables (cf. la fameuse scène de la station-service, pétillante de cynisme et de mélancolie noire). Il est d'autant plus rageant de subir cet ennui accablant que les qualités de Tournée sont indéniables, son atmosphère, unique. Mais les faits sont là : on bâille.


Sentence : 2,5/5

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