jeudi 20 mai 2010

The Barber

"Demon barber" malgré lui.

Titre original : The Man Who Wasn't There
Réalisé et co-écrit par : Joel Coen (2001)
Avec : Billy Bob Thornton, Frances McDormand, James Gandolfini
Durée : 116 min

Ed Crane est coiffeur dans le salon de son beau-frère et sa femme le trompe. Laconique et blasé, il est l'homme que personne ne remarque. Prêt à tout pour changer de vie, il commence une combine qui le dépasse rapidement.






On ne peut vraiment considérer The Barber comme un polar, tant les systèmes judiciaire et policier y sont mis à mal, mais plutôt comme un film noir, hommage revendiqué par les frères Coen lors de sa présentation à Cannes en 2001.

La police a toujours été un aspect secondaire de la filmographie des frères Coen, et elle a systématiquement un coup de retard sur les protagonistes (entre autres, dans No Country for Old Men ou même Barton Fink). L'action est donc centré sur Ed Crane, modeste coiffeur piégé dans un monde où il ne trouve pas sa place, et sur les autres personnages, empêtrés parfois malgré eux dans les combines un peu foireuses du héros.

Il serait pourtant abusif de voir en The Barber un film dénonciateur ou militant. La représentation d'un monde absurde, dans lequel le protagoniste s'enfonce de plus en plus en comprenant de moins en moins est un thème fondamental de la filmographie des frères Coen et sert de pierre angulaire aux histoires qu'ils racontent. Histoire simple, à propos d'hommes et de femmes simples, comme d'habitude, mais mise en scène et en image avec une virtuosité peu commune, même pour eux.

Car The Barber est avant tout un monstre d'esthétisme, magnifiquement porté par son interprète principal, Billy Bob Thornton dont le charme glacial captive et inquiète. La plume légère et grinçante, l'intelligence et l'élégance du scénario n'ont d'égaux que le sens de la mise en scène et de la photographie, toujours aussi maniaques. Ed Crane est pris dans une spirale dont il aurait dû toucher le fond après une demi-heure de film, mais avec une ironie sadique, le voilà balloté par le destin comme une pelote de laine entre les mains d'un chat persan. On ne sait si l'on doit plaindre ce personnage ambigu, sans scrupule ni remords, mais qui lutte, comme on le ferait peut-être à sa place, pour trouver sa place dans le monde. Avec une grâce et un cynisme très noirs, Les frères Coen racontent une triste fable ancrée dans la réalité, à la beauté sombre et envoûtante.


Sentence : 4,5/5

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