jeudi 29 juillet 2010

Brick

Jeux dangereux.

Ecrit & réalisé par : Rian Johnson (2004)
Avec : Joseph Gordon-Levitt, Lukas Haas, Nora Zehetner
Durée : 105 min

Tandis qu'il cherche les raisons de la disparition de son ex-petite amie, Brendan Frye, adolescent misanthrope et génial, se trouve confronté au pape de la drogue local : le Pin.





Sous ses airs de thriller acnéique inoffensif, Brick n'attire guère l'attention au premier abord. Des jeunes. De la drogue. De l'amûr. Une disparition. Oui, mais contrairement à ce que l'affiche pourrait laisser penser, Rian Johnson n'est pas un ersatz boutonneux de Guy Ritchie, il est bien plus que cela. Brick, c'est une intrigue prenante, mais c'est aussi une formidable étude de caractères.

Car pour pleinement l'apprécier, il ne faut le prendre qu'à moitié au sérieux. La pellicule est jalonnée de détails amusants qui vous invitent à garder les pieds sur terre, et en même temps, montrent du doigt des comportement potentiellement dangereux. L'intelligence de sa formule réside dans un double-mouvement : les personnages font face à des problèmes réels et graves (la disparition d'une jeune fille, le trafic de drogue...), mais, d'un autre côté, sont parfois affublés d'attributs bouffons (le magnat de la drogue est une caricature de méchant qui semble sortie d'un mauvais James Bond) ou apparaissent dans des scènes qui frôlent le burlesque (difficile de prendre au sérieux ces jeunes au visage grave qui discutent de leurs affaires hautement illégales autour d'un verre de jus d'orange).

Mais c'est là tout le charme pétillant de Brick. Il s'agit presque d'une mise en abyme des personnages, tant ils semblent se complaire dans un rôle pré-écrit. On pourrait traduire ce besoin compulsif de revêtir une autre identité, plus palpitante que l'originale, comme un malaise existentiel (Dieu, que cette phrase est pompeuse) : et oui, les jeunes s'ennuient, ils s'inventent des personnages et une histoire à vivre. Le danger - et c'est là que le fond de Brick prend toute sa valeur - est de trop s'engager dans la fiction et, ce faisant, de délaisser des problèmes bien plus proches, et des solutions plus pragmatiques (par exemple, Brendan qui souhaite privilégier son "enquête" - et du coup, son égo - plutôt que de faire appel à la police pour retrouver son ex - solution envisagée, puis écartée à la va-vite). Et à force de s'enfermer dans un rôle trop longtemps, on en oublie les précautions les plus élémentaires, et parfois, les scénarii dérapent, jusqu'au meurtre.

Sur la forme, Brick confine à l'exercice de style : avec sa mise en scène posée et perpétuellement ambiguë dans sa gestion de la lumière, Rian Johnson croit en la sobriété de la narration, pour un résultat des plus convaincants et une atmosphère malléable, suffocante par moments, aérienne par d'autres. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce n'est pas un film sur des ados qui ont grandi trop vite : Brick parle d'immaturité, avec brio.


Sentence : 4/5

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