vendredi 7 mai 2010

Dans ses yeux

Le miroir de l'âme.

Titre original : El Secreto de sus Ojos
Réalisé par : Juan José Campanella
Avec : Soledad Villamil, Ricardo Darin, Pablo Rago
Durée : 129 min
Adapté de : La Pregunta de sus Ojos d'Eduardo Sacheri

Benjamin Esposito, greffier à la retraite, décide d'écrire un roman sur une affaire de meurtre dans laquelle il s'est beaucoup investi, en 1974. Ce procédé le replonge dans cette histoire sordide, dont il n'a jamais connu le mot de la fin, et dans l'amour qu'il portait alors à sa collègue de travail.





Dans ses yeux est la preuve qu'avec un scénario, des personnages et une réalisation solides, une histoire classique peut encore surprendre et tenir en haleine de bout en bout le spectateur blasé.

Rien d'étonnant à ce que ce long-métrage argentin ait été préféré à notre Prophète national à la cérémonie des oscars : sa construction se rapproche bien plus des canons du cinéma américain que le film de Jacques Audiard, plus tranchant et personnel.

Au coeur de l'histoire, le vide. Le vide dans la vie d'un homme après que sa femme a été tuée, le vide dans les vies du héros et de son acolyte qui les pousse à s'investir corps et âme dans l'enquête, le vide enfin pour l'assassin plutôt que la mort.

Dans ses yeux est aussi un film hybride, alternant comédie romantique et enquête policière avec une fluidité insolente. Une question vient à l'esprit tandis qu'on regarde le film : qui donc est l'auteur de ce scénario, d'une grâce et d'une subtilité magistrales, de ce canevas savamment orchestré qui tantôt nous fait sourire et tantôt nous étouffe ? On est presque déçu, en guettant le générique, de découvrir que c'est une adaptation de roman. On eut préféré qu'il fût une perle découverte dans l'océan du 7e art.

Mais ne boudons pas notre plaisir. Pour enrober ce bijou d'écriture, aucun risque n'a été pris, et l'on a choisi un bon vieux coffre-fort de mise en scène efficace, solide, pas bien téméraire et un peu impersonnel, mais qui fait son boulot. Et le scénariste prend tellement de plaisir à écrire, au moins autant que nous à l'écouter, qu'il ne sait pas quand s'arrêter : sa plume grossit, il s'égare et ne voit pas qu'il aurait dû s'arrêter quelques minutes plus tôt. Qu'importe ; on peut bien lui pardonner sa fin à rallonge et d'assez mauvais goût, tant il a su nous charmer pendant 1h50. Dans ses yeux est là pour nous rappeler que le cinéma est avant tout conteur d'histoire.


Sentence : 4/5

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