mercredi 12 mai 2010

Dark World

Trop inspiré ou pas assez ? Les deux, mon capitaine.

Titre original : Franklyn
Ecrit & réalisé par : Gerald McMorrow
Avec : Eva Green, Ryan Phillippe, Sam Riley
Durée : 97 min

Une histoire de destins croisés. John Preest (Ryan Phillippe) est un justicier hors-la-loi à la recherche de son pire ennemi dans une ville futuriste régie d'une main de fer par un clergé-militaire. Parallèlement, de nos jours à Londres, Milo (Sam Riley) tente de retrouver son premier amour ; Emily (Eva Green) pousse ses projets artistiques suicidaires de plus en plus loin, et Esser (Bernard Hill) cherche son fils parmi les mendiants des bas-fonds londoniens. Quatre vies attirées par une même fin.






Reconnaissons à Gerald McMorrow une qualité : il est cinéphile. C'est d'ailleurs son seul point commun avec les nombreux cinéastes dont il s'inspire, ou plutôt devrait-on dire dont il pompe le travail. Un soir, il s'est installé dans sa cuisine et s'est posé une question : quels ingrédients mettre dans la tambouille Dark World ? Alors il a ressorti ses vieux films préférés, et s'est dit "tous ces grands classiques dans une seule et même casserole, cela doit donner un fameux résultat". Certainement, a-t-on envie de lui répondre, mais c'est un plat un peu indigeste. Un peu de Watchmen par-ci (un justicier masqué hors-la-loi, violent et philosophant), un peu de Dark City par-là (les choix esthétiques de Meanwhile City, de toute évidence), une mise en scène qui emprunte à Zack Snyder (recherche obsédée de la beauté plastique) et un scénario qui se veut l'égal d'un Inarritu (Babel, 21 grammes) ; tout cela, entre les mains de quelqu'un d'autre aurait pu donner un résultat autrement plus intriguant et intéressant que l'infâme bouillabaisse de McMorrow, qui prend son sujet très au sérieux.
Car on ne rigole pas dans Dark World. Sachez-le, c'est un film sérieux. Pourtant, il est souvent difficile de retenir un gloussement railleur devant les performances boursouflées des acteurs, qui semblent tous avoir un paquet de cigarettes coincé dans la gorge. Seul Bernard Hill trouve le bon ton, sobre et presque émouvant.

Heureusement (malheureusement ?), ce sourire narquois ne tarde pas à s'effacer devant l'insupportable vérité : il ne se passe rien dans ce film. Des dialogues creux, des platitudes badass, une relation conflictuelle - oh, une baston !- encore des platitudes et plus de dialogues creux. Gerald McMorrow ne sait pas comment assaisonner son scénario et patauge dans un marasme narratif dont il ne sort qu'au bout d'1h30 (dommage, le film dure 1h40). Avant cela, on peine à saisir les enjeux de chaque histoire, qui n'ont aucune relation entre elles, jusqu'au twist final, plutôt élégant mais sali par une fin qui laisse un goût atroce et sirupeux en bouche, comme un mauvais médicament contre la toux. Nous ne nous attarderons pas sur la tentative pompière de stigmatisation de la religion, qui n'a pour seul effet que le retour du sourire moqueur sur le visage assoupi du spectateur. Aussi prétentieux et vide de sens que le numéro du personnage d'Eva Green.

Sentence : 1,5/5





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire