samedi 24 juillet 2010

Le premier qui l'a dit

Dans la famille, on aime les nouilles.

Titre original : Mine Vaganti
Réalisé par : Ferzan Ozpetek
Ecrit par : Ferzan Ozpetek & Ivan Cotroneo
Avec : Ricardo Scamarcio, Nicole Grimaudo, Alessandro Preziosi
Durée : 110 min

C'est décidé, le soir de la grande réunion de famille, pendant le dîner, Tommaso lâche le morceau : il n'a pas fait d'études d'économie, il veut être écrivain, et surtout, il est gay. Tant mieux s'il est chassé de la famille : au moins il sera libre de vivre sa vie à Rome, avec son compagnon Marco. Enfin, c'était sans compter son grand frère Antonio, qui a décidé de faire son coming out le premier.






Il y avait deux façons de traiter un tel sujet : le drame familial, pesant et implacable, et la comédie, légère et inoffensive. Un coup d'oeil sur l'affiche et vous saurez quel parti a pris Ferzan Ozpetek, pas forcément pour le pire, ni pour le meilleur. Mais dans les deux cas, il aurait pu faire mieux, c'est certain.

Ici, impossible de parler de comédie dramatique : l'atmosphère invariablement légère du film nous l'interdit. En cause ? La famille du protagoniste, caricature claironnante de la riche famille italienne. On doute que ce soit volontaire, jusqu'à ce qu'on apprenne que les Lecce ont fait fortune en vendant des pâtes. Là, c'est dit, le cliché est consommé. Ce n'est d'ailleurs pas forcément un choix d'écriture judicieux : certes, de cette manière, on obtient un énorme réservoir à sourires et à rires, mais d'un autre côté, la portée du propos en est considérablement amoindrie. Faute de s'ancrer dans un contexte social réaliste, le message de Le premier qui l'a dit passe à côté de sa cible.

C'est une chose, mais ce n'est pas la plus importante puisque l'important ici est de faire rire. Seulement, là encore, la caricature devient un poids mort. Et oui, à force de se servir dans le même seau, on n'a pas envie de chercher des vannes ailleurs. Concrètement, le film s'appuie trop sur son sujet, et ne fait guère preuve d'imagination en matière d'humour. Ce n'est pas toujours très fin, voire lourdaud ; un comble pour un sujet aussi sensible et avec un tel potentiel comique. Pour le reste aussi, malheureusement, Ozpetek a cruellement manqué d'audace. Outre la réalisation très fade, les personnages cèdent à quelques facilités d'écriture (la grand-mère notamment). La seule preuve d'intelligence d'Ozpetek fut de bien choisir son sujet. Une histoire plus classique entre ses mains n'eut présenté aucun intérêt. Finalement, il ne manque qu'une chose au Premier qui l'a dit : un assaisonnement.


Sentence : 2,5/5

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