mercredi 5 mai 2010

Greenberg

Greenberg-gen, la bière des quadras (haha)

Réalisé par : Noah Baumbach
Avec : Ben Stiller, Greta Gerwig, Rhys Ifans
Durée : 105 minutes

Roger Greenberg, 41 ans, psychologiquement instable, décide de mener une vie oisive après que tous ses projets à New York ont échoué. Lorsque son frère part en vacances avec toute sa famille, il lui confie la vaste demeure familiale. C'est là qu'il fait la connaissance de Florence, la "bonne" de la maison, 28 ans, qui rêve d'être chanteuse, mais ne fait qu'enchaîner les dépits amoureux et professionnels. Début d'une relation aussi étrange qu'inattendue.





Méfiez-vous de Greenberg !

Un regard un peu rapide sur l'affiche pourrait vous induire en erreur, car vous n'y verriez que la trogne drolatique de Ben Stiller. Association d'idées normale : Ben Stiller = comédie américaine, généralement pas finaude. Et puis là, quelque chose vous étonne. Vos Gaumont et Pâté préférés (je revendique le droit à cette orthographe) ne passent pas Greenberg : pour le voir, il faut aller dans un cinéma d'art et d'essais. Intrigué, vous regardez le synopsis et le casting de plus près, et vous vous apercevez que le réalisateur du film n'est autre que Noah Baumbach, connu pour avoir écrit Fantastic Mr Fox et La vie aquatique, plus encore pour avoir dirigé Les Berkman se séparent.

Car non, ceci n'est pas une comédie populaire. On ne s'esclaffe pas devant Greenberg, on sourit, tout au plus rit-on avec sobriété. Mais la plupart du temps, on est touché.

Les personnages du film reflètent une réalité trop souvent gommée dans les salles de cinéma : Roger Greenberg est un quadragénaire misanthrope, bourré de tocs, qui déverse sa frustration en écrivant des lettres de plainte mesquines à de grandes compagnies, Florence est une jeune femme un peu paumée qui semble avoir vieilli trop vite, le meilleur ami de Roger est un guitariste désoeuvré qui sort de désintox et tente de sauver son couple et son entreprise de réparation d'ordinateurs. Une bien triste vision du monde, qui refuse l'idéal : le frère aîné de Roger et sa famille, modèle d'équilibre et de réussite sociale, sont constamment éloignés de l'action (ils sont au Viêt-Nam) et n'apparaissent jamais à l'écran.

La famille est donc dépeinte de façon très cynique : la relation amoureuse entre les deux héros ressemble à un puzzle monté à l'envers et, au milieu de ce couple saugrenu, l'élément tisseur de liens sentimentaux n'est pas un enfant (comme on a l'habitude de le voir dans ce genre d'histoire), mais un gros chien. La brave bête est d'ailleurs gravement malade, ce qui va obliger Roger à prendre ses responsabilités en tant qu'adulte. On est donc pas loin de la caricature sardonique du traditionnel parcours initiatique d'un personnage qui a raté le cours d'"Apprentissage de la vie" étant jeune, et qui doit maintenant rattraper le temps perdu.

Le scénario se révèle très fin, parsemé de délicieuses petites touches d'humour qui ne sont jamais gratuites, mais toujours au service de l'histoire. Malheureusement, il est aussi très bavard, un défaut que l'on oublie volontiers à la fin du film, mais qui, dans la salle, est parfois agaçant.

On est donc bien content que le dernier film avec Ben Stiller ne soit pas une comédie potache au pop-corn, mais plutôt un drame au bonbon acidulé, intelligent dans son montage et son écriture, mais aussi plus audacieux et profond qu'il n'y paraît. Noah Baumbach est Guillaume Tell ; votre coeur est une pomme.


Sentence : 4/5

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