lundi 26 juillet 2010

Confessions d'un homme dangereux

Si vous croyez à son histoire, tapez 1.

Titre original : Confessions of a Dangerous Mind
Réalisé par : George Clooney (2002)
Ecrit par : Charlie Kaufmann
Avec : Sam Rockwell, George Clooney, Drew Barrymore
Durée : 113 min
Adapté du livre du même nom de Chuck Barris.

Le biopic de Chuck Barris, producteur télé des années 60-80, et prétendu tueur à gages au service de la CIA.






"Lorsque vous lisez une autobiographie, gardez en tête que la vérité n'est pas faite pour être publiée." Ce qu'il est cynique alors, ce George Bernard Shaw. Mais difficile de ne pas penser à cette citation lorsqu'on visionne Confessions d'un homme dangereux, tant le sujet du film s'en imprègne. Et oui, histoire rocambolesque s'il en est, George Clooney, pour sa première réalisation, brosse le portrait de Chuck Barris d'après son autobiographie. Outre l'intérêt que peut susciter la vie d'un tel personnage (médiocre par bien des côtés, génial par d'autres), inventeur notamment de Tournée-manège et autres programmes télé indigents mais si populairement appréciés, le vieux Chuck avoue aussi avoir servi la CIA en tant qu'exécuteur pendant de nombreuses années. Naturellement, il n'en avait parlé à personne, la CIA nie tout en bloc, mais le fait est que, parfois, il s'absentait une semaine, sans raison ni destination connues. Bref, c'est abracadabrant, mais son récit tient suffisamment debout pour semer le doute.

Cette immersion dans la télévision américaine, tour-à-tour dramatique et burlesque, ravit par son scénario et sa mise en scène inspirée (dans tous les sens du terme). Coup d'essai pour Clooney ? On a du mal à y croire. Le rythme binaire du film en fait toute la force et l'ambiguïté : il y a Chuck Barris et ses programmes, ses amours maladroites, looser compulsif imbu de sa propre loose, et Chuck Barris agent secret, séducteur, froid, efficace, en un mot, charismatique. La mise en image inédite, qui traduit la superficialité du monde de Barris, est encore plus travaillée pendant les phases "CIA-badass". Stylisées à l'extrême, ces scènes ne portent pas crédit aux affirmations du vrai Chuck Barris dans son livre, mais nous présentent ces épisodes comme autant d'anecdotes romanesques dans une vie qui manque de piment à ses yeux.

Pari gagné : la plus grande qualité du film est son interprète, et la plus grande qualité du scénario est son protagoniste, personnage fascinant, drôle et inquiétant malgré lui. Le plus grand charme de Confessions d'un homme dangereux est de réussir à vous prendre en otage, de vous laisser rire à l'ombre d'une épée de Damoclès, le genre de rire nerveux perpétuellement obscurci par une hypothèse effarante : et si c'était vrai ?


Sentence : 4,5/5


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