dimanche 18 avril 2010

Mad Max

La loi du biker.

Réalisé par : George Miller (1979)
Avec : Mel Gibson, Joanne Samuel, Hugh Keays-Byrne
Durée : 85 minutes

Avec seulement $350 000 de budget, Mad Max crée la polémique à sa sortie et est interdit en salles aux moins de 18 ans, et même censuré dans certains pays (en raison de sa violence, plus morale que graphique, qu'on avait manifestement jugée choquante). Mais Mad Max, c'est surtout un film culte, précurseur d'un genre qui, depuis, est très à la mode : le western post-apocalyptique.






Le qualificatif "post-apocalyptique" est ici purement générique : l'univers que filme George Miller n'a en effet rien d'un monde désolé suite à une quelconque guerre nucléaire/épidémie mondiale/attaque extraterrestre/invasion de moutons-garou. Ici, l'action se situe quelques années dans le futur ("A few years from now", voit-on au début du film) et la société est tout à fait reconnaissable. Pas de gadget à outrance ou de design futuriste donc ; de toute façon le budget serré ne permettait pas pareilles fantaisies, et c'est tant mieux.
La seule différence avec la société moderne est que les lois ne sont plus que vaguement appliquées, voire pas du tout, et que les agents chargés de les faire respecter sont aussi pourris que les criminels qu'ils poursuivent. Les routes sont le théâtre de leurs affrontements et course-poursuites, pour des motifs souvent très flous. Les similitudes entre les deux camps sont largement soulignées : ils portent les même vêtements, se moquent des citoyens, et ne se préoccupent que du moteur de leurs voitures ou motos. Dans Mad Max, vous l'aurez compris, c'est la loi de l'ouest qui règne : pas de place pour le manichéisme.

L'atmosphère générale du film est d'ailleurs très masculine, voire macho : des grosses voitures, des gros flingues, des hommes qui conduisent, mangent, dorment, jardinent en portant du cuir noir, bref tout le film est gonflé à la testostérone, au risque de distiller une ambiance pesante.
Car l'écriture s'en fait douloureusement sentir : les personnages sont des clichés ambulants (Mel Gibson est le gentil flic qui devient sans foi ni loi par vengeance, les méchants sont bêtes, moches, cruels, et sont comparables à des animaux en meute) et le scénario très classique dans son déroulement (une histoire de vengeance comme on en a vue des centaines, déservie par une mise en scène fort peu subtile). Fatalement, les évènements deviennent vite prévisibles, et l'ennui pointe à la moitié de la bobine.

Pourquoi ce film est-il donc devenu culte ? La question est légitime, d'autant que Mad Max souffre terriblement de la comparaison avec ses successeurs, et passe aujourd'hui pour un western post-moderne kitch, lourdaud et démodé (ce qui n'est pas le cas d'autres films dits "cultes" d'un autre genre, comme le Texas Chainsaw Massacre de Tobe Hooper qui, encore aujourd'hui, reste une référence en matière d'horreur). Il faut chercher la réponse dans ce qui a entraîné sa censure à sa sortie : le film ne se complaît pas dans une violence graphique outrancière ; c'est donc d'un point de vue moral que Mad Max affiche un jusqu'au boutisme presque salvateur. Quand Mel Gibson se venge, il ne fait pas ça proprement, et c'est tant mieux. C'est là que le surplus de testostérone est le bienvenu. On retiendra également quelques scènes de course-poursuite mémorables, très rythmées et bien ficelées.

Pour le reste, l'absence totale de finesse dans le scénario, la mise en scène et le jeu des acteurs (les méchants surtout, qui "font les méchants" de façon un peu trop ostentatoire) nuit considérablement à la qualité du film, qui n'est sauvé que par quelques scènes et une morale ambiguë et, pour le coup, plutôt avant-gardiste.

Sentence : 2/5

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