mardi 18 mai 2010

Samson & Delilah

Du sable et du pétrole.

Ecrit & réalisé par : Warwick Thornton
Avec : Rowan McNamara, Marissa Gibson
Durée : 101 min

Pour Samson et Delilah, deux aborigènes australiens, les jours se suivent et se ressemblent. Elle travaille avec sa grand-mère et la maintient en vie, lui ne fait rien, à part sniffer de l'essence et écouter de la musique. Un jour, ils s'enfuient et partent pour la ville, dans l'espoir d'une vie moins vide. Une décision inconséquente...






Mettons les choses au clair : Samson & Delilah n'est pas un film revendicatif dépensant son heure quarante de parole à dépeindre la noirceur de la vie des aborigènes. Pas seulement. C'est surtout une histoire humaine entre deux adolescents désoeuvrés et réunis par le vide de leurs vies respectives dans une relation muette et platonique. La première partie du film en est le reflet le plus éloquent : au milieu du désert, sous un soleil qui engourdit tout, Samson et Delilah tentent de s'évader du train-train morose qui domine leur existence, sous la direction de Warwick Thornton, coiffé des casquettes de scénariste, réalisateur et directeur de la photographie, qui fait parler les visages et les décors plus sûrement qu'un mime. Une suite de tableaux enchanteurs et touchants qui, l'espace d'un plan oisif, vous plonge dans l'âme simple et généreuse des deux héros, jusqu'à l'évènement seuil, la profanation de la routine souveraine, qui mène à la deuxième partie.

Il serait injuste de mettre sur son dos tous les défauts de Samson & Delilah, mais la tentation est grande, car ils sont peu nombreux. Le film ne perd rien de sa puissance picturale, mais cède à la facilité et à la complaisance dès qu'il s'agit de traiter d'un sujet social. Passée outre la désagréable impression que la condition des aborigènes est une figure imposée dans tous les films australiens, on regrette que le réalisateur ressasse ses plans chocs dans une tentative maladroite et plutôt agressive d'apitoyer et/ou d'alarmer le spectateur. La caméra de Warwick Thornton est toujours aussi aiguisée, mais sa surenchère dans le pathos frise parfois le mauvais goût.

A défaut d'innover dans sa représentation d'un drame social, il se démarque dès son premier long-métrage par sa réalisation toute en pudeur et en retenue dès qu'il s'agit de filmer l'humain dans sa relation à l'autre ou face à sa propre amertume. La plus grande qualité de Samson & Delilah est de ne pas succomber à son alarmisme et de lui préférer un message d'espoir innocent, le baume au coeur.

Sentence : 3,5/5

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