dimanche 2 mai 2010

Mammuth

Que se passerait-il si Obélix allait à la retraite ?

Réalisé par : Benoît Delépine & Gustave Kervern
Avec : Gérard Depardieu, Yolande Moreau, Isabelle Adjani
Durée : 92 min

Serge Pilardosse est un homme gros, maladroit et pas très malin, qui a atteint l'âge de la retraite. Seulement, pour quelqu'un qui travaille depuis qu'il a 16 ans, sans jamais avoir été au chômage, la retraite sonne plus comme un glas que comme un gong salvateur. Pour réparer une bévue sociale, il enfourche sa vieille Mammuth et part à la recherche de ses anciens employeurs. Il n'y retrouvera que le goût de vivre.






Mammuth, sous ses airs de film contestataire sans prétention, raconte beaucoup de choses : la faillite d'un système, qui oblige un retraité à reprendre la route pour toucher sa retraite, le goût de la vie perdu puis retrouvé, une ode à la liberté et pour finir, une dénonciation de l'absurdité du monde.

Et le pire, c'est que tout cela, Kervern et Delépine auraient pu le raconter en moitié moins de temps.

Gérard Depardieu est l'atout maître de cette comédie dramatique grinçante : avec son allure de Wrestler à la française (un personnage désoeuvré, une longue tignasse blonde défraîchie), Serge Pilardosse est un monolithe de tendresse crue, resplendissant sous les traits de Depardieu.

La mise en scène emprunte d'ailleurs beaucoup à Aronofsky : caméra fixe ou à l'épaule, filmant le dos du protagoniste, tour-à-tour au plus près des visages ou en plans très larges ; tout est fait pour souligner le dénuement de Mammuth (son surnom) dans ce monde qui le dépasse.

Mammuth est un film très intelligent, dans son écriture, sa mise en scène et ses idées, mais il est aussi très paresseux. Il aurait fait un excellent moyen-métrage d'une quarantaine de minutes, mais le milieu du cinéma et les ambitions des réalisateurs étant ce qu'elles sont, on s'est mis en tête d'étirer ce canevas prometteur, comme un enfant déformerait ses jouets pour les rendre plus grands.

Kervern et Delépine grillent en effet toutes leurs cartouches dans la première moitié du film, et produisent des saynètes et des sous-intrigues (celle de Yolande Moreau notamment)dont l'utilité scénaristique est discutable, dans le seul but de rallonger la bobine. Le film perd alors en densité et en intensité, et se pique de prétentions philosophiques qui lui vont plutôt mal.

En choisissant de miser le gros (sans jeu de mot) de leur histoire sur le personnage de Serge Pilardosse, et donc sur Gérard Depardieu, Kervern et Delépine ont fait le meilleur choix stratégique du film : avec sa bonhomie ventripotente, le protagoniste est un phare au milieu d'un océan d'imbécillité, qui fait rire, pleurer, et surtout, réfléchir.


Sentence : 3/5


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