samedi 15 mai 2010

Cronos

La vie éternelle, c'est nul.

Ecrit & réalisé par : Guillermo Del Toro (1993)
Avec : Federico Luppi, Ron Perlman, Claudio Brook
Durée : 94 min

Au 16e siècle, un alchimiste découvre le secret de la vie éternelle. Quatre siècles plus tard, un antiquaire trouve un petit appareil en forme d'araignée, et l'utilise involontairement. Le lendemain, des rides ont disparu, ses traits sont plus tirés : il rajeunit, mais à quel prix ?





Récompensé par neuf Arieles (l'équivalent des Césars au Mexique), Cronos surprend par la maîtrise technique dont fait preuve Guillermo Del Toro, dont c'est le premier film, à défaut d'être audacieux. Dès le départ, le réalisateur mexicain, ex-créateur d'effets visuels, distille ses thèmes favoris dans cette variation du sempiternel thème du vampire - l'enfant confronté au fantastique, la superposition du surnaturel et du réel.

Deux thèmes qu'il met ici au service d'un des plus anciens fantasmes humains, la vie éternelle, plutôt que la transformation en vampire, terme qui n'est jamais mentionné dans le film. Evidemment, le spectateur n'est pas dupe, Guillermo non plus : le vieil antiquaire rajeunit, craint la lumière du jour et doit se nourrir de sang humain, il a donc tout du vampire sauf le nom.

Sujet passionnant et maintes fois abordé au cinéma, le thème de l'immortalité et du vampirisme en tant que malédiction requiert aussi finesse et maturité d'écriture, deux conditions qui ne sont malheureusement pas remplies par le cinéaste alors jeune. Scénario mécanique, mise en scène un peu plan-plan mais sublimée par une excellente gestion de la lumière, ses petits défauts de forme ne sont que pécadilles comparés à l'écriture, volontaire mais maladroite.

Le film repose sur des relations binaires, dont Jesus Gris (le protagoniste, impeccable Federico Luppi) est le pivot : complicité entre un grand-père et sa petite-fille, amour entre un mari et son épouse, opposition entre un moribond cherchant l'immortalité à tout prix et un homme simple qui en est la victime. Sujet qui rappelle farouchement Entretien avec un vampire (Neil Jordan, 1994), et qui mériterait deux bonnes heures à lui tout seul, mais que Guillermo Del Toro n'aborde qu'en surface, préférant consacrer l'autre moitié de Cronos à la relation entre Jesus et sa petite-fille Aurora, la seule qui soit au courant de sa condition. C'est dommage, car sur ce point, il ne convainc pas et tente, à grands renforts de violons larmoyants, de créer l'émotion. L'hubris, l'immortalité pour un vieillard fatigué de vivre ; ces deux thèmes bouillonnants ne sont que timidement effleurés, peut-être par manque de maturité. On ne retiendra de Cronos que ses bonnes intentions et son scénario série B assez prenant.


Sentence : 2,5/5

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire