jeudi 13 mai 2010

Âmes en stock

Et si l'âme était un organe ?

Titre original : Cold Souls
Ecrit & réalisé par : Sophie Barthes
Avec : Paul Giamatti, Dina Korzun, Emily Watson
Durée : 101 min

Paul Giamatti, célèbre acteur américain, traîne son âme derrière lui comme un boulet, un réservoir à doutes qui l'empêche de jouer Oncle Vania correctement au théâtre. Désespéré, il fait appel à une société de "stockage d'âmes" pour regagner sa confiance en lui, et découvre l'expérience troublante de vivre sans âme.






Le surréalisme est un genre peu représenté au cinéma américain - Michel Gondry, Charlie Kaufman et Spike Jonze en sont peut-être les seuls visages, et passer derrière eux avec un projet comme Âmes en stock signifie s'exposer à une inévitable comparaison. Sophie Barthès, dont c'est le premier long-métrage, s'en sort plutôt bien, mais passe à côté de son sujet. Le postulat de départ est prétexte à taquiner une question essentielle du cinéma : la recherche de son identité, le désir d'être un autre lorsqu'on est un acteur. Le problème, c'est justement qu'elle ne fait que taquiner la question et reste en surface le reste du temps dans un film qui ne se révèle être qu'une comédie dramatique légère, reposant sur le numéro de cabotinage de Paul Giamatti.

C'est d'autant plus dommage que le début fait beaucoup de promesses, avant de balayer la plupart d'entre elles d'un revers de main pendant la seconde partie du film, qui opère un virage inattendu et maladroit vers le thriller. Il faut croire que Sophie Barthès n'avait pas les mêmes espoirs que nous, et a préféré exploiter son idée et son univers absurde pour les mettre au service d'une vaste allégorie sur l'âme humaine. C'est son choix, mais c'est aussi moins intéressant. En fait, la force d'Âmes en stock est aussi sa faiblesse : l'axiome de départ aurait pu n'être qu'un voile posé sur un joyau, mais sous nos yeux impuissants, elle préfère broder, ajouter des motifs et ne jamais découvrir l'essentiel. On perd tout espoir devant la seconde moitié du film et la direction que prend le scénario : Paul Giamatti et Sophie Barthès s'égarent, l'un devenant un bouffon un peu terne, l'autre s'essayant sans convaincre à un genre qu'elle ne maîtrise pas. Pourtant, lorsque le film tient ses promesses, il le fait avec beaucoup d'élégance, mais la déception n'en est que plus grande. On sort en regrettant de n'avoir passé qu'un bon moment.


Sentence : 3/5

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