dimanche 9 mai 2010

Enter the Void

La mort, quel pied.

Ecrit & réalisé par : Gaspar Noé
Avec : Nathaniel Brown, Paz de la Huerta
Durée : 150 min

Oscar et sa soeur Linda habitent à Tokyo. L'un deal de la drogue, l'autre est strip-teaseuse dans un club privé. Quand Oscar est tué par des policiers, son esprit reste fidèle à la promesse qu'il avait faite à sa soeur de ne jamais la quitter quoi qu'il arrive et parcourt les bas-fonds tokyoïtes dans un tourbillon fantasmagorique où s'entrecroisent passé, présent et futur.





Qui eut cru que Gaspar Noé se révèlerait être un joyeux lutin facétieux ? On le sait fasciné par toutes sortes de sujets morbides, qu'il aime représenter en caméra subjective au cinéma (souvenez-vous de Seul contre tous et des monologues intérieurs de son boucher). C'est d'ailleurs chic de sa part de ne pas nous inclure, nous spectateurs innocents et purs, dans ses trips dérangés et dérangeants. Difficile de ne pas voir dans le titre du film une chiquenaude vindicative envoyée aux mentons des nombreux critiques qui reprochaient à Gaspar Noé la vacuité de son cinéma.

Mais c'est qu'il persiste et signe, le vilain bougre !
Ne soyons pas mauvaises langues, ni de mauvaise foi, et rendons à Gaspar ce qui est Gaspar, qui revendique le droit de faire d'un film une expérience sensorielle, façon "Chéri j'ai coincé le public dans un flipper". Noble cause, qui justifie l'absence de propos avec une souplesse narquoise, et donne un fameux résultat technique : ce n'est pas un film, c'est une chose, un léviathan hallucinatoire qui nous agrippe avec bruit et fureur dès le générique pour ne plus nous lâcher pendant 2h30. "2h30 ?!" me criez-vous avec horreur. "2h30" vous répondrai-je avec un flegme guerrier. Car visionner Enter the Void est une bataille : on se l'inflige, on lutte, on aimerait bien perdre le combat et se laisser malmener.
Mais après 1h30 d'un pugilat psychédélique, la bête fatigue et commence à remâcher ses gimmicks visuels. Pire : serait-ce un fond que j'aperçois au loin au milieu du vide ? Qu'est-ce donc que ce vide blasphématoire qui se pique d'avoir un fond ?

Parce que voyez-vous, Oscar n'a jamais vraiment digéré la mort de ses deux parents : il fume des joints parce que la tétée lui manque, il se tape des quadras parce qu'il est frustré de n'avoir jamais pu vivre son Oedipe, et post-mortem, il se rend compte que quand même, le monde est moche, les gens sont méchants, c'était mieux quand il était petit, auprès du sein maternel protecteur et nourricier.

La caméra vertigineuse, les directeurs son et photo de génie, la plongée libidineuse dans ce tokyo-baisodrome dont le paroxysme est atteint avec un plan intra-vaginal et projection de sperme numérique (on vous l'a dit, Gaspar Noé innove) ne sont qu'autant d'arbustes qui cachent péniblement une forêt très niaise et pleine de creux. Enter the Void, tu l'as dit !


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