mardi 6 avril 2010

Dragons

Dreamworks chez les Vikings.

Titre original : How to Train Your Dragon
Réalisé par : Chris Sanders, Dean Deblois

Harold est un Viking. Ou pas. Et c'est bien là le problème : il est tout chétif, tout faible, et pourtant il aimerait bien gagner sa place en tant que Viking au sein de sa tribu. Et pour prouver sa valeur, rien de mieux que de tuer, massacrer, égorger et/ou dépioter un dragon. Jusqu'au jour où il se lie d'amitié avec l'un d'eux, et découvre qu'en fait, avoir un dragon domestique, c'est quand même vachement plus cool qu'une tête en trophée au-dessus de la cheminée.

Officiellement, Dreamworks et Pixar se livrent une bataille sans merci sur le terrain très fashion de l'animation numérique. Officieusement, le premier n'arrive pas à la cheville du second, que ce soit en matière d'humour, d'histoire ou de sentiments. Parce que bon, disons ce qui est, depuis Shrek (certains diraient depuis Madagascar... Ne les écoutez pas, c'est faux.), le studio de Spielberg n'a, concrètement, rien fait de bon, encore moins un long-métrage capable de concurrencer Pixar. Cette année, cap sur les Vikings et les dragons, un mélange alléchant, mais qu'en est-il vraiment ?




L'idée de base est assez bonne : les dragons ont toujours été des créatures populaires, relativement absentes des écrans de cinéma ces derniers temps, et surtout, bien pratiques pour donner un souffle épique à n'importe quel film. Associé à cela, l'univers des Vikings, plutôt boudé par le septième art (allez savoir pourquoi... Rien ne vaut une grosse hache et une grosse b...arbe), mais qui a l'air d'être remis au goût du jour (Valhalla Rising, et bientôt, l'adaptation Marvel de Thor).
La structure du film est, somme toute, très classique : sous couvert d'un univers original (et c'est tout à leur honneur), on retrouve les thèmes récurrents du dessin animé Disney (Rappelons que les deux réalisateurs sont d'anciens collaborateurs de la firme aux grandes oreilles), à savoir le parcours initiatique du jeune héros, incompris par les siens, mais qui finit par être triomphalement accepté. Un modèle que Dreamworks a plutôt laissé de côté jusqu'à présent, mais qui est quasi-incontournable chez Disney et Pixar.

En l'occurrence, on pourrait résumer le squelette du film à ceci : Incompréhension-désir d'intégration-secret-découverte du secret-incompréhension-triomphe. Une approche schématique, j'en conviens, mais qui, à quelques détails près, pourrait être appliquée à n'importe quel Disney.
Plutôt classique sur le fond donc, mais sur la forme, bordel-de-dieu ça envoie paître n'importe quel autre Dreamworks : l'animation est exemplaire et n'a rien à envier à Pixar, les paysages de Fjords et le village Viking sont très réussis, et le design des dragons et personnages remarquable. Le film se paye même le luxe de répandre un souffle épique sur l'ensemble (bon très relatif malgré tout hein, on est loin des frissons dans le dos sur les scènes de bataille et de vols à dos de dragons).

Alors, où ça coince ? Est-ce que ça coince déjà ? Oui, malheureusement. Un écueil assez symptomatique des films d'animations Dreamworks (et des comédies populaires en général, mais ne nous égarons pas...), c'est que le film gère bien mal ses deux parties.
Première moitié : la moitié "Comédie"===>Présentation de l'univers, des personnages et des enjeux. C'est la meilleure partie du film, on se paye de bonnes tranches de rigolade, c'est plutôt réussi.
Seconde moitié : la moitié "Sentiments"===>Et là on s'embourbe. Dès que le film s'approche d'un vrai fond, c'est maladroit, ça perd du rythme, c'est convenu, prévisible, baveux, glaireux, et je m'arrête là pour ne pas être mauvaise langue. Et ouais, en matière de fond, Dragons touche le fond (aha, aha).

Le problème en somme avec Dreamworks, c'est que ce sont des techniciens : ils assurent sur la forme, c'est bien ficelé, ça s'enchaîne bien (Mention spéciale pour la scène d'intro du film, franchement ébouriffante); et puis là ils se rappellent qu'il faut un fond. Alors hop hop, on ressort la vieille recette Disney, et on l'adapte. En gros c'est toujours le même gâteau, mais dans un paquet cadeau différent. On peut faire à Dragons les mêmes reproches qu'à n'importe quel Dreamworks : la première partie est vraiment très réussie, et la seconde partie un peu moins raté que d'habitude. Le meilleur Dreamworks depuis Shrek, quand même.


Sentence : 3/5

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