lundi 19 avril 2010

Les moissons du ciel

Titre original : Days of Heaven
Ecrit & réalisé par : Terrence Malick (1979)
Avec : Richard Gere, Brooke Adams, Sam Shepard
Durée : 95 minutes

Deuxième long-métrage, et consécration de Terrence Malick après La Ballade sauvage (Badlands), Les moissons du ciel raconte comment Bill, un jeune ouvrier, sa soeur Manz et sa petite amie Abby décident de quitter Chicago pour aller faire les moissons dans une ferme. Prêt à tout pour sortir de la misère, Bill demande à Abby de céder aux avances du riche fermier, atteint d'une maladie incurable.




Sur fond de triangle amoureux tout ce qu'il y a de plus classique, l'histoire est racontée par la petite Manz (dans une voix off assez désagréable), âgée d'une douzaine d'année qui observe les évènements et complots perpétrés par son frère et sa petite amie de façon neutre, en les agrémentant de réflexions personnelles sur la vie et les hommes. Avec un squelette pareil, beaucoup de réalisateurs n'auraient tiré qu'un film déjà vu, pompeusement philosophique, agaçant et ennuyeux.

Mais pas Terrence Malick. Car Terrence Malick est un magicien.

Comme à son habitude, il filme les personnages au plus près de la nature, dans une relation quasi-fusionnelle où la terre devient un personnage à part entière, tour-à-tour clémente ou destructrice, à l'image des relations entre les personnages. Le film est baignée dans un climat de mélancolie résignée, et dégage une profonde modestie ; jamais Terrence Malick, avec les questions qu'il pose à travers Manz, n'apparaît prétentieux ou intellectualisant.
Ces Moissons du ciel sont donc avant tout une ode poétique à la nature, servie par une photo absolument superbe : chaque plan est un tableau, parfois enchanteur, parfois intrigant, toujours impartial et sobre. Terrence Malick n'est pas là, à nous mettre le couteau sous la gorge et à nous dire "Regardez comme il est beau mon film". Les images sont magnifiques dans leur simplicité, dans leur beauté sans artifice.
Malgré cela le film peine à atteindre une vraie intensité dramatique : la faute à un format un peu court (1h35 seulement) et à des acteurs inégaux. Brooke Adams est exemplaire, et transmet avec beaucoup de subtilité les sentiments de son personnage ; Richard Gere et Sam Shepard sont moins convaincants, et font bien souvent ressentir que finalement, ils ne sont que des personnages de papier. C'est beau, mais un peu creux.

Terrence Malick nous plonge dans un abîme de mélancolie, sublimé par la bande originale d'Ennio Morricone, et nous raconte une histoire humaine classique, mais traitée avec beaucoup d'intelligence, de délicatesse et de poésie, magnifiée davantage par une représentation de la nature bouleversante de beauté et de sincérité. On en ressort apaisé.


Sentence : 3,5/5

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