jeudi 15 avril 2010

Les chansons d'amour

Paris la romantique.

Ecrit & réalisé par : Christophe Honoré (2007)
Avec : Louis Garrel, Ludivine Sagnier, Chiara Mastroianni, Clotilde Hesme
Durée : 91 minutes

Fort du succès de Dans Paris, récompensé à la Quinzaine des Réalisateurs en 2006, Christophe Honoré se lance sur le terrain glissant de la comédie musicale pour mettre en scène les aléas amoureux d'Ismaël (Louis Garrel), jeune dandy fantasque aux sentiments incertains.




Raconter une telle histoire en chansons était une gageure, d'autant que Les chansons d'amour n'a rien d'une comédie romantique. Le défi était donc d'arriver à concilier un ton léger, tout en abordant des sujets plus graves (tels que l'homosexualité ou le deuil prématuré). Alors, pari réussi ?
En partie seulement. Le film opère une sorte de crescendo sentimental : le début se veut optimiste et insouciant, les musiques sont plutôt gaies, et puis, au fur et à mesure, le ton s'alourdit, les problèmes familiaux et amoureux font lentement surface et les personnages gagnent en profondeur (surtout Louis Garrel et Chiara Mastroianni, tout deux excellents dans leur interprétation ; les autres personnages restent relativement superficiels).
Ici, les chansons sont prétextes à exprimer ce que chacun ressent, que ce soit sous la forme d'un dialogue chanté entre les acteurs, ou d'un monologue. Ne vous attendez pas à des chansons entraînantes, encore moins à des chorégraphies endiablées (c'eut été particulièrement malvenu), ici, chaque interprétation est très sobre, et la pauvreté musicale des morceaux est compensée par la qualité de l'écriture, élégante et poétique.

Cependant, ces chansons, aussi charmantes soient-elles, sont un peu envahissantes. Passons sur l'effet juke-box de certaines d'entre elles qui font irruption dans l'action comme une mouche prendrait d'assaut votre potage, le plus agaçant est qu'elles font office de paratonnerre. A plusieurs reprises dans le film, au moment où un sujet délicat est abordé ou quand la tension monte, les personnages poussent la chansonnette comme ils érigent un bouclier, se cachant derrière un artifice certes agréable, mais très superficiel. Comme un enfant qui jouerait avec le feu, Christophe Honoré hésite, approche sa main, et la retire brusquement, comme par peur d'être brûlé. Voilà qui est frustrant.
Le problème est similaire avec les personnages, qui n'acquièrent de vraies rondeurs psychologiques que vers la fin : Ismaël, pendant les deux premiers tiers, n'est, concrètement, qu'un gentil cabotin un peu frivole, mais guère intéressant.

Bien que léger (au sens positif et négatif du terme), le film n'est pas dépourvu d'atouts évidents : la mise en scène, intelligente et maîtrisée, taquine le spectateur en faisant appel à sa mémoire et à son sens de l'observation. Le scénario surprend et ravit tour-à-tour par sa subtilité et sa cohérence, sans jamais, malheureusement aller au fond des choses.
Le principal reproche que l'on pourrait faire à ces Chansons d'amour finalement, c'est d'être peureuses ; Honoré a toutes les cartes en main, mais préfère se coucher, laissant le spectateur en plan, jusqu'au dernier tiers du film, où il joue enfin le jeu. Le gâteau était donc plaisant, mais un peu fade.


Sentence : 3/5

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire