mardi 8 juin 2010

Rabia

T'as regardé ma copine là ?

Ecrit & réalisé par : Sebastian Cordero
Avec : Gustavo Sanchez Parra, Martina Garcia, Iciar Bollain
Durée : 95 min
Adapté du roman Rabia de Sergio Bizzio


Rosa et José Maria sont deux immigrés sud-américains à Madrid. L'une est bonne dans l'immense manoir d'un couple de riches retraités, l'autre est ouvrier sur un chantier. Lorsqu'il commet accidentellement un meurtre, il part se réfugier dans le manoir où travaille sa compagne, sans même que celle-ci soit au courant.






On voit partout sur les affiches et les présentations de Rabia le nom prestigieux de Guillermo del Toro, comme un gros lampion rassurant pour attirer le spectateur lambda, un peu frileux à l'idée d'aller voir un thriller romantique colombien. Mais ne nous méprenons pas, le réalisateur joufflu auteur du Labyrinthe de Pan n'est que le producteur de ce huis clos d'un genre un peu particulier, puisque l'action est centrée sur un personnage que l'on sait dangereux, mais dont les habitants du manoir ignorent la présence. Le film fonctionne à plein régime sur cette ironie dramatique qui fait de José Maria tantôt un démon invisible, tantôt un ange gardien.

Pourtant, il va bien falloir que l'on retienne ce nom : Sebastian Cordero, jeune réalisateur dont c'est le deuxième long-métrage, mais qui nous éblouit par son sens de la mise en scène, habile et délicat, un peu moins par son sens de l'écriture. C'est dommage, car dans le cas contraire, on se serait empressé de crier au chef-d'oeuvre : le directeur photo concurrence en maîtrise et en talent le réalisateur lui-même, qui s'échine à créer une ambiance oppressante. Car Rabia est avant tout un film d'atmosphère, mis à mal par son scénario un peu faiblard, malgré quelques bonnes idées. L'action est lente, les personnages classiques et les situations parfois prévisibles, mais on se laisse prendre au jeu. Sebastian Cordero n'est pas un grand auteur, mais son style fait l'affaire. Le personnage de José Maria, associé à l'image du rat, dépérit tandis que Rosa s'épanouit, et l'on apprécie la symbolique finale de la renaissance, touchante et élégante.

Rabia n'est donc pas un simple thriller fantastique estampillé "del Toro". A l'avenir, espérons que les noms sur l'affiche seront inversés, et que le producteur mexicain apparaîtra en bas, en petits caractères, pour laisser Sebastian Cordero à sa place légitime, au sommet de son oeuvre. Un nom avec lequel il faudra compter.


Sentence : 3,5/5

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